Radio Clandestine (2023)

 

Radio clandestine, mémoires de fosses Ardéatines d’Ascanio Celestini

Pièce majeure du théâtre-récit italien, Radio clandestine évoque le massacre par les nazis, à Rome, le 24 mars 1944, de 335 otages italiens en représailles à un attentat de la résistance perpétré la veille.

Ascanio Celestini s’appuie sur la publication en 1999 du livre L’ordre a déjà été exécuté de Alessandro Portelli (université de la Sapienza), essai d’histoire orale sur le massacre, à Rome, des Fosses ardéatines.

Il s’agit d’une véritable entreprise pour redonner sens à l’univers de la tragédie, par l’évocation d’un événement qui constitue un lieu important de la mémoire contemporaine nationale, sujet souvent à de délicates controverses ou à des interprétations connotées. L’affaire des fosses ardéatines, parce que les représailles s’étaient produites après un attentat de la résistance, a longtemps été associée à des accusations d’irresponsabilité visant les partisans romains, alors même qu’il ne leur avait été donné aucune possibilité de se rendre, afin d’épargner les otages. Sans polémique, mais à la manière d’un conteur qui prend le temps de remonter aux origines, Ascanio Celestini reprend l’ouvrage histoire oral d’Alessandro Portelli, L’ordre a déjà été exécuté (prix Viareggio 1999), pour en faire un lieu de parole et d’échange, un moment de théâtre exemplaire, limpide et dépouillé". Olivier FAVIER, traducteur.


Collection Théâtre contemporain en traduction
Traduit de l’italien par Olivier Favier.

 

Intention 

« Le monde que l’on nous propose, voire que l’on nous impose, nous interpelle, nous dérange, nous perturbe… » (Ariane Diotime). Fidèles aux paroles de celle qui nous inspire, je souhaitais depuis longtemps me confronter à ce magnifique texte d’Ascanio Celestini.

J’ai découvert ce texte en 2012 lors d’une prestation époustouflante de Richard Mitou dirigé par Dag Jeanneret. Il était important pour moi de laisser passer le temps et de digérer le départ tragique de Mitou.

Il s’agit donc d’un double travail de mémoire, mémoire des fosses Ardéatines et souvenir d’un acteur majestueux.

Ascanio Celestini nous livre un texte fort qui retrace un événement majeur de la mémoire collective italienne. Un texte que l’on peut transposer à toutes les mémoires de ces peuples qui ont souffert de la barbarie. Mémoire qui nous permettra aujourd’hui de ne pas renouveler les erreurs du passé, même si on s’aperçoit aujourd’hui que ces idées sombres reprennent malheureusement de la couleur…

Mon intention est de lire ce texte partout où cela sera possible et plus précisément dans les collèges et les lycées, de livrer aux élèves un témoignage puissant d’une époque terrible à travers un événement tragique qui s’est passé pendant la guerre. Il s’agit ici de partir de ce récit pour ouvrir les sensibiliser les spectateurs à la sauvagerie de cette période en racontant une histoire, l’histoire des femmes et des hommes qui ont vécu cette tragédie.

 

                 « ... Mais vous savez que la majeure partie des rues dédiées aux morts des Ardéatines sont en périphérie justement ? Et puis en plus de ces rues qui portent le nom des morts il y a les plaques commémoratives. À Rome il y en a tellement de ces plaques...

Moi je dis que s'il y a là une plaque cela veut dire que là-dessous il s'est produit quelque chose d'important. Quelque chose dont il faudrait se souvenir...

Mais si personne n'est là pour te raconter, qu'est-ce que tu peux savoir ?

Tu vois ces plaques... tu lis une phrase, un nom, un mot, une date... tu passes dessous et tu penses que c'est là une histoire que l'on peut raconter en une minute... ou peut-être même moins.»

 

 

Collectif Ariane Diotime

Lecture : Lionel Bernard

Regard extérieur : Marie Le Formal et Bernard Le Nen

Régie : Denis Infante