Après la première …

 

Et soudain

Il y avait pas mal de temps que je n’avais vécu ça !
Mon dieu, c’est fort et violent. Angoissant et jubilatoire.
Comme une drogue dure !
Un morceau de vie bien vif ! Bien rouge !
Une part infime de l’éternité.
On voudrait que ça ne s’arrête jamais, que la vague jamais ne retombe. Que le vide toujours se comble.
Les visages, la tension, les rires, les applaudissements. La peur bleue.
Toute cette énergie et cette passion tendues vers le même but.
Toute cette chaleur humaine.
J’ai joué dans toutes sortes de lieux. J’ai monté des lumières, des plateaux, des chapiteaux, des machines, des artifices, j’ai dirigé des comédiens, des équipes de tournage, j’ai écrit des histoires.
J’ai toujours aimé le travail bien fait.
J’ai toujours aimé les mots et les voix.
Je suis indécis et tenace.

Je me tiens à l’écart, en retrait. J’observe. J’écoute la musique. J’attends que surgisse cette vie qui est plus que la vie. Cet instant où tout bascule. Où la magie opère.
Où les mots deviennent des images et les images des mots.
Où le théâtre devient l’intérieur du crâne de chaque spectateur.

Et soudain par les lueurs nous voilà traversés *.

Après tout retombe. Et chacun sait qu’il faudra recommencer. Remonter la pente. Pousser le rocher jusqu’au sommet. Il n’y a pas d’échappatoire. Ou alors il faut accepter de s’éteindre. De s’étioler dans la pénombre.
À présent j’essaye de me retrouver. J’essaie de reprendre le fil.
Personne n’écrira à ma place. Vous le savez bien !
Personne !
J’écoute Dominique A.
Je suis souvent seul et ça me va.

Denis Infante